New Ocean’s 8 Promo + Cannes Interview +BTS Still

Hello Everyone,

We keep getting new material from everywhere, we are one month away from the release of Ocean’s 8 and Cate and Sandra reminded us in this new promo. We have the video and captures.

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Today was also released an interview Cate gave to the french newspaper Liberation on it’s May 9th issue. Cate talks about her role as Jury President at Cannes.

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Cate Blanchett : «On vous pose une question sur Harvey, vous répondez, ça finit en titre»

L’actrice australienne préside le jury du 71e Festival de Cannes. Féministe, engagée, elle prône un changement profond et mûri de l’industrie cinématographique et au-delà. Mais se refuse à faire de ses rôles ou de la palme d’or un tract.

Actrice virtuose et révérée, choyée à la fois par la fine fleur des grands auteurs américains (Wes Anderson, Todd Haynes, Martin Scorsese…) et des blockbusters à portée intergalactique (le Seigneur des anneaux, Dragons 1, Dragons 2, Dragons 3…), l’Australienne Cate Blanchett, 48 ans, a sur sa cheminée deux oscars, mais aucun prix cannois à ce jour, et c’est un total scandale – il y a trois ans, on lui en aurait bien décerné un pour Carol, entre autres. Cette année, c’est à elle et au jury qu’elle préside qu’il reviendra d’en distribuer au terme de douze jours de choc ophtalmique et d’une édition forcément ombrée par l’absence sur la Croisette, pour la première fois depuis des lustres, de Harvey Weinstein – dont Blanchett a déclaré il y a quelques jours à Variety avoir été la victime des abus. A quelques heures de la cérémonie d’ouverture, elle a reçu Libération pour un entretien à mots précieux, précis, combatifs.

Quels souvenirs marquants gardez-vous de votre longue relation avec le Festival?

La quintessence de l’expérience cannoise tient dans le principe de juxtaposition. La première fois que je suis venue ici, en 1997, c’était avec un film présenté au marché, ce qui était un environnement brutal et cruel pour un petit film australien. J’ai pu être invitée à une projection d’Ice Storm d’Ang Lee au Palais, et je n’avais jamais été à une projection comme celle-là : les marches me faisaient l’effet de gravir le flanc des pyramides, j’étais totalement envoûtée, et découvrir le film d’Ang Lee dans cette salle, c’était une expérience unique. Plus tard je suis venue pour une séance de gala, avec Indiana Jones de Spielberg, qui était le film de clôture du Festival avec un acteur [Harrison Ford, ndlr], une franchise, un cinéaste légendaires qui sécrétaient un effet puissant sur la Croisette. Enfin, j’ai pu aussi venir avec Babel d’Alejandro González Iñárritu, qui était un travail d’auteur plus pointu… J’ai donc pu explorer de multiples facettes du Festival. C’est ce que j’aime à Cannes, c’est une corne d’abondance de films, mais de toutes sortes d’échelles et d’ambitions. Et pour quelqu’un qui a comme moi grandi en Australie, cela me fait l’effet d’un melting-pot et d’un portail extraordinaires pour les cinéastes du monde entier, qui peuvent à la fois s’y frotter aux canons artistiques européens et y trouver un point d’entrée dans le monde anglo-saxon.

Quand le job vous a été proposé, vous êtes-vous plongée dans l’histoire du Festival?

Oui, les jurys, les palmarès, les règlements surtout, car les règles de Cannes sont changeantes et mystérieuses, au point qu’elles échappent sans doute à une large partie du public et même de la presse. Mais je suis remontée en arrière, et j’ai regardé Marty [de Delbert Mann, 1955, ndlr], le premier film en langue anglaise à avoir gagné la palme, et je comprends parfaitement pourquoi tant le film résonne au présent, avec cette fraîcheur… Les films sont ancrés dans leur temps et le reflètent, mais les grands films, ceux de Jane Campion ou Bergman, ou même aujourd’hui d’Andrea Arnold ou Yórgos Lánthimos, je crois, ont cette puissance à braver l’épreuve du temps, à transcender leurs attaches avec le présent.

Quelles expériences de spectatrice vous ont marquée?

Je me souviendrai toujours de ma découverte d’Un ange à ma table [de Jane Campion], la Valse des pantins [de Martin Scorsese], Alps [de Yórgos Lánthimos], ou tout récemment ce film iranien qui m’a vraiment ouvert les yeux, A Girl Walks Home Alone At Night [d’Ana Lily Amirpour]… Mais surtout, enfant, je me rappelle avoir été totalement éblouie par le cinéma de Jacques Tati, et j’ai été profondément influencée par la manière dont Mon Oncle et les Vacances de monsieur Hulot interrogent la nécessité de la parole et combien l’on peut se passer du langage. J’ai aussi été très marquée, et changée, par Koyaanisqatsi [documentaire new age et plaidoyer écologiste de Godfrey Reggio, 1982].

Que représente pour vous d’être la première présidente du jury de l’ère post-Harvey Weinstein, très présent à Cannes pendant un quart de siècle?

Il est très important en tant qu’industrie – tout comme les médias – que nous prenions la mesure de ce qui se joue en ce moment et ne le circonscrivions pas au milieu du cinéma. Le nom de Harvey Weinstein est devenu un mot-clé, un surtitre pour la myriade de problèmes qui existent, pas seulement dans le secteur artistique, mais aussi dans l’industrie automobile, le secteur bancaire, le monde de l’architecture… Il n’est pas un secteur professionnel où il n’y a pas de culture de l’abus de pouvoir et de l’impunité. Les changements qui interviennent à Cannes et partout dans l’industrie où je travaille m’apparaissent comme très positifs parce que l’égalité, l’équité et la justice sont des valeurs propices à la créativité. On ne peut que gagner à ce que toutes les voix puissent s’exprimer. Je pense donc que le débat actuel est vivace et qu’il faut l’envisager de manière positive, mais par-dessus tout veiller à ne pas en confiner les enjeux.

Vous répondez sans répondre…

(Elle s’emporte soudain.) Mais que voulez-vous entendre ?
Que signifie pour vous d’être la présidente de cette édition forcément particulière ?

(Agacée.) Etant femme, c’est cela que vous voulez dire ?

Non, étant vous : féministe revendiquée de longue date, activement engagée dans de nombreuses causes, politisée…

Bien sûr que je suis tout cela, en tant que personne, et je crois qu’en tant qu’acteur vous avez le devoir d’être engagé dans le monde autour de vous parce que vous avez cette chance inouïe de le représenter. Vous devez habiter le monde et y réagir, vous y engager. Mais je ne travaille pas de façon politique. La façon dont mon travail est disséminé, digéré et analysé peut susciter des discussions politiques, mais le travail en lui-même… relève de la provocation, de l’inspiration… Je ne veux pas paraître malhonnête ou sur la défensive, je ne comprends simplement pas votre question.

Vous ne pouvez pas nier que quelque chose a changé depuis l’an dernier. La «conversation» ambiante n’est plus la même, et il ne peut pas être anodin pour vous d’occuper cette place en 2018.

Mais précisément, je ne veux surtout pas que la conversation soit la même, ni cette année ni l’an prochain. Et je pense qu’il y a une manière circulaire et délétère dont se diffuse l’information, en particulier sur Internet, avec le clickbait [intraduisible autrement que «pute à clics», ndlr] : vous faites une interview, on vous pose une question à propos de Harvey, vous répondez, ça finit en titre, et c’est tout ce qui est retenu. Cela confine la réflexion, ça la réduit à une dénonciation d’individus pointés du doigt plutôt que d’aborder les solutions. Et j’ai le sentiment, depuis l’intérieur de cette industrie, que les choses bougent. Donc, comment je me sens ? Optimiste. Reste-t-il néanmoins encore beaucoup à faire ? Evidemment. Aimerais-je qu’il y ait plus de réalisatrices en compétition à Cannes ? Oui, bien sûr. Mais rien de tout cela ne se produira en une nuit. Pour qu’un changement profond et durable s’opère, pour que s’annihilent les abus systémiques et les travers de mon secteur professionnel et tant d’autres, le changement doit s’opérer de manière inclusive, en étant à l’écoute de toutes les voix, et pas à pas. Mais en allant de l’avant.

Justement, quelles actions concrètes jugez-vous les plus urgentes pour entraîner le changement?

Cela passe par des choses comme le renouvellement du comité de sélection du Festival. Jusque récemment, il n’y avait [presque] que des hommes, aujourd’hui il y a aussi des femmes. Parce que les femmes portent un regard différent, comme quelqu’un en Iran ne regardera pas les choses du même œil que quelqu’un aux Etats-Unis, en Russie, à Taiwan… Cannes a toujours été un lieu de diversité culturelle, mais il faut aussi qu’y soit prise en compte la diversité de genres. J’ai l’impression que ça passe aussi par des changements ténus. Quand nous avons commencé à diriger un théâtre, à Sydney, mon mari et moi avons examiné la démographie du conseil d’administration parce que c’est là que les décisions sont prises. Et il faut faire de même avec les grandes entreprises, les majors… Par ailleurs, souvent on ne parle que des gens qui sont dans la lumière dans l’industrie cinématographique, mais il faut apporter la même considération à la composition des équipes techniques et artisanales. Où sont les opératrices caméra, les techniciennes son ? On pourrait dire la même chose du monde du jeu vidéo ou du code informatique. Ce sont là des langages à l’essor immense, et il faudrait s’attaquer au problème dès maintenant afin que des femmes prennent part au développement de ces langages et que l’on ne se trouve pas confrontés aux mêmes problèmes systémiques dans cinquante ans.

Vous soutenez d’ailleurs le concept de «clause d’inclusion» promu par Frances McDormand quand elle a reçu son oscar en février.

Absolument. Il y a toujours eu des femmes puissantes, mais elles n’ont pas toujours osé ou su comment faire usage de ce pouvoir parce que le système qui les entourait ne les appuyait pas dans cette direction. Mais je pense que les femmes sont désormais beaucoup plus disposées à aborder les problèmes auxquels elles sont confrontées. Et la diversité ne peut aussi qu’être au bénéfice des hommes dans ce milieu car personne qui ait un semblant de fibre artistique ne peut désirer créer dans un environnement totalement homogène. L’homogénéité est profondément stérile.

Vous disiez ne pas travailler de façon politique…

(Elle coupe.) … Je dis que je n’assène pas au public ce qu’il doit penser.

Diriez-vous aussi qu’aucune considération politique n’interférera dans le choix de votre jury?

Les décisions peuvent être politisées, mais la prise de ces décisions n’est pas, elle, politique. L’un des mots d’ordre de notre premier dîner de jurés lundi soir était d’avancer de manière ouverte, disponible, sans arrière-pensée.

Vous pensez faire totalement abstraction du nombre de réalisatrices en compétition, du nombre de réalisatrices ayant gagné la palme d’or…

… Une seule ! (Elle rit.) J’ai été très marquée par la séance photo des anciens vainqueurs de la palme sur la scène du Palais prise lors d’une édition anniversaire du Festival, où Jane Campion figurait seule parmi tous ces hommes… Parfois il faut la vérité absolue d’une image pareille pour se dire : «Mais qu’est-ce qui ne va pas dans cette image ? Qu’est-ce qui va, au fond, dans cette image ?» (Rires.)

Il y a aussi la situation de deux cinéastes en compétition cette année, Jafar Panahi et Kirill Serebrennikov, qui sont retenus dans leurs pays pour des raisons essentiellement politiques.

Il serait inconcevable pour moi en tant qu’artiste de dire que face à des films issus d’économies et d’ambitions aussi diverses il est possible de simplement désigner le meilleur. C’est la part la plus difficile et douloureuse du boulot. On ne voit jamais un film isolé des autres, on n’est jamais face au seul film de Kirill Serebrennikov ou de Nadine Labaki : ce que l’on voit c’est un mash-up, une juxtaposition. Et ce qui m’intéresse, au fond, c’est le dialogue, la conversation qui se noue entre eux, puis entre nous. Qu’est-ce que ce dialogue nous dit du monde, quels thèmes, quels fils connectent tous ces travaux si différents ? C’est cela qui m’intéresse en tant qu’artiste, et bien sûr qu’à la fin il faudra prendre une décision. Qui déconcertera certains, décevra d’autres. Et ce n’est pas moi qui prendrai cette décision : il faudra que l’on forge ensemble un esprit de groupe pour accoucher d’un consensus. En n’oubliant pas que le jury est composé d’artistes, de «praticiens», ce qui conduit en général à avoir une appréciation différente. Enfin, bien sûr que Cannes dispose d’une aura culturelle très puissante, mais est-ce qu’un film ou prix peuvent faire sortir un homme de la prison où il est enfermé pour raisons politiques ? J’en doute profondément.

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And last but not least, we have added another BTS picture from Cate’s Variety photoshoot by photographer Art Streiber.

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